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On gribouille de plus en plus. Pas tous, mais j'en croise de plus en plus souvent. Aujourd'hui, alors que n'importe qui est un foutugraphe en puissance, armé de son téléphone portable, on est aussi tous des artistes en puissance. Pas ou plus besoin d'avoir une connaissance de l'histoire de l'art, pas besoin de prendre des cours: gribouiller c'est gagner ! Bien sûr derrière la provocation de mes mots, il y a de la vérité: à la fois de plus en plus d'artistes dessinent comme des gosses, et le public aime ça ! Mais dessiner comme un gosse c'est pas si facile: il faut faire du simple avec du compliqué. Alors aussi bien faire compliqué avec du simple et simple, mais faire du simple avec du compliqué, ça se complique... vous me suivez ? Rien n'est plus facile finalement que de copier bêtement la réalité, trait pour trait, ou gribouillage pour ombre par exemple. Mais quand il s'agit de simplifier les traits, le style, la vie, les objets etc, ça devient dur: moins il y a de traits, plus ils doivent être au bon endroit, tout en étant indispensables, mais pas superflus ! Et puis, faire appel à son âme de gosse pour dessiner pareil, c'est pas donné au premier venu. Désapprendre les règles de perspective et tomber dans l'art naïf, mais pas que, savoir jouer de l'absurde, de l'improbable, de l'impossible, du rêve en quelque sorte ! Et c'est de ça dont on a envie: retomber dans cette insouciance, se plonger dans un tableau comme où se plongerait dans la fontaine de Jouvence, oublier ses soucis et retomber en enfance, loin de ce monde d'adulte étriqué où tout le monde se fait chier avec sa tête d'aigri. Parce que la majorité des adultes est comme ça: aigri. Comme si c'était nécessaire pour devenir adulte: faire une gueule de stressé coincé du cul. Et qui rigole pas. Avec des gros yeux anxieux. Un peu comme une gueule de souris qui se ferait courser par un hibou. Et pas une gueule de Mickey, ou alors avec Pathibulaire masqué, la tronçonneuse
